[Ouest-France] Microsoft se met à parler brezhoneg
Publié : sam. mars 31, 2007 3:29 pm
Microsoft se met à parler brezhoneg
L'Office de la langue bretonne a signé un partenariat avec le leader mondial des logiciels. En jeu un glossaire de 50 000 mots accessibles d'un simple clic.
Bill Gates a choisi un Breton pour tenir sa "boutique" dans l'hexagone. Originaire du Trégor, Eric Boustouller, la quarantaine, est, en effet, depuis deux ans, le PDG de Microsoft France. Il règne sur 1200 salariés. Un bataillon de grosses têtes à cols blancs, qui portent haut les couleurs du leader mondial des logiciels.
Eric Boustouller ne parle pas le breton, comme le faisait naguère son grand-père paternel. Mais il a conservé un fort attachement pour la terre de ses aïeux. Pas étonnant qu'il ait scellé sans difficulté un partenariat avec la Région et l'Office de la Langue Bretonne (OLB). Partenariat gravé officiellement, mercredi, plume en main.
De quoi s'agit-il ? L'engagement de Microsoft va se traduire par la mise à disposition gratuite d'une interface bilingue (français-breton). Pour les non-intitiés, ça signifie que le champion de l'informatique fournira en langue bretonne des éléments logiciels des versions de Microsoft Office et Microsoft Windows, comme il le fait déjà pour une centaine de langues, du gallois au catalan, en passant par le swahili
En plus clair encore, on pourra, d'un simple clic, se connecter au glossaire de 5000 mots élaboré par l'OLB. "Et de 50000, probablement dans le courant de l'automne", espère Eric Boustouller. Avantage : cette banque de mots sera accessible sur le website de Microsoft. En outre, qui voudra pourra l'enrichir de mots nouveaux à la condition qu'ils soient avalisés par l'OLB. Enfin, des fenêtres de recherche aux onglets, toute la "navigation" pilotée sur l'écran par la souris sera entièrement bilingue.
"Victor Hugo écrivait, en son temps, que les Bretons parlaient une langue morte. Hugo s'est trompé. Grâce aux écoles que nous avons créées, nous voilà plein de sève. Il n'y a jamais rien de joué dans l'histoire d'une langue. Et le grand livre de la langue bretonne, ouvert il y a quinze cents ans, va devenir un livre électronique", disait Lena Louarn, mercredi soir, au micro. Réjouie, mais émue aux larmes, la présidente de l'Ofis ar Brezhoneg. Emu aussi, le boss breton de Microsoft s'est essayé à quelques formules de politesse breizh avant d'indiquer : "Nous avons de travail devant nous pour aller plus loin dans la traduction des logiciels."
De quoi réjouir le président de la Région, engagé dans un difficile combat pour la sauvegarde de la langue bretonne, via quelques objectifs forts. Par exemple, engager à l'horizon 2012 vingt mille locuteurs dans les filières bilingues. Pas gagné d'avance. Mais, considère Jean-Yves Le Drian, le partenariat avec Microsoft "est significatif de la modernité de cette langue". Un partenariat qui en cache probablement d'autres, en décodant certains sous-entendus.
Al. G.
in Ouest-France, vendredi 30 mars 2007
L'Office de la langue bretonne a signé un partenariat avec le leader mondial des logiciels. En jeu un glossaire de 50 000 mots accessibles d'un simple clic.
Bill Gates a choisi un Breton pour tenir sa "boutique" dans l'hexagone. Originaire du Trégor, Eric Boustouller, la quarantaine, est, en effet, depuis deux ans, le PDG de Microsoft France. Il règne sur 1200 salariés. Un bataillon de grosses têtes à cols blancs, qui portent haut les couleurs du leader mondial des logiciels.
Eric Boustouller ne parle pas le breton, comme le faisait naguère son grand-père paternel. Mais il a conservé un fort attachement pour la terre de ses aïeux. Pas étonnant qu'il ait scellé sans difficulté un partenariat avec la Région et l'Office de la Langue Bretonne (OLB). Partenariat gravé officiellement, mercredi, plume en main.
De quoi s'agit-il ? L'engagement de Microsoft va se traduire par la mise à disposition gratuite d'une interface bilingue (français-breton). Pour les non-intitiés, ça signifie que le champion de l'informatique fournira en langue bretonne des éléments logiciels des versions de Microsoft Office et Microsoft Windows, comme il le fait déjà pour une centaine de langues, du gallois au catalan, en passant par le swahili
En plus clair encore, on pourra, d'un simple clic, se connecter au glossaire de 5000 mots élaboré par l'OLB. "Et de 50000, probablement dans le courant de l'automne", espère Eric Boustouller. Avantage : cette banque de mots sera accessible sur le website de Microsoft. En outre, qui voudra pourra l'enrichir de mots nouveaux à la condition qu'ils soient avalisés par l'OLB. Enfin, des fenêtres de recherche aux onglets, toute la "navigation" pilotée sur l'écran par la souris sera entièrement bilingue.
"Victor Hugo écrivait, en son temps, que les Bretons parlaient une langue morte. Hugo s'est trompé. Grâce aux écoles que nous avons créées, nous voilà plein de sève. Il n'y a jamais rien de joué dans l'histoire d'une langue. Et le grand livre de la langue bretonne, ouvert il y a quinze cents ans, va devenir un livre électronique", disait Lena Louarn, mercredi soir, au micro. Réjouie, mais émue aux larmes, la présidente de l'Ofis ar Brezhoneg. Emu aussi, le boss breton de Microsoft s'est essayé à quelques formules de politesse breizh avant d'indiquer : "Nous avons de travail devant nous pour aller plus loin dans la traduction des logiciels."
De quoi réjouir le président de la Région, engagé dans un difficile combat pour la sauvegarde de la langue bretonne, via quelques objectifs forts. Par exemple, engager à l'horizon 2012 vingt mille locuteurs dans les filières bilingues. Pas gagné d'avance. Mais, considère Jean-Yves Le Drian, le partenariat avec Microsoft "est significatif de la modernité de cette langue". Un partenariat qui en cache probablement d'autres, en décodant certains sous-entendus.
Al. G.
in Ouest-France, vendredi 30 mars 2007